Ahhh ! Parvenir à gérer l’impatience !!!…
J’étais une impatiente chronique.
Vous m’auriez croisée dans le métro parisien : une flèche ! Pas de perte de temps ! Mon bon fond me permettait quand même de continuer à rester un minimum courtoise et attentive aux autres (laisser d’abord sortir les passagers avant de m’engouffrer dans la rame, ne marcher sur les pieds de personne et tenir la porte !), mais après je fonçais dans les couloirs et les escalators en me racontant que c’était meilleur pour la forme physique (ce qui n’est au demeurant pas faux).
J’étais obsédée par le temps. Le temps qui passe. Ne pas perdre de temps. La peur de ne pas avoir assez de temps pour « faire tout ce qu’il y a à faire », cocher des lignes sur ma « to do list » (qui se rallongeait tous les jours).
Et de ce fait, impatiente la plupart du temps.
Guettant les réponses à mes mails, l’avancement de mes partenaires professionnels, des projets en cours, de façon limite obsessionnelle. Il fallait que ça avance ! Et vite !
Tout était toujours trop long, trop lent de mon point de vue.
Et je m’inclus dans ce jugement : j’étais aussi furieusement impatiente à mon égard. Je me trouvais aussi trop lente, pas assez efficace, efficiente, et tutti quanti ! Trop souvent insatisfaite de mes résultats, ce que j’avais « produit ».
L’impatience est souvent mauvaise conseillère, perturbe malheureusement notre bon sens, peut au final nous faire perdre du temps, mal évaluer certaines situations et générer un relationnel conflictuel. C’est la tendance « hamster dans sa roue » qui fonce et croit avancer, en oubliant parfois l’objectif réel.
J’ai cependant une bonne nouvelle : il est possible d’apprendre à calmer cette impatience (il est possible aussi d’arriver à être satisfait de ses journées et accomplissements, mais c’est un autre sujet 😉).
1. La clé de la compréhension
Pour commencer : un peu de lucidité et de conscience sur son origine.
Qu’est-ce qui nous rend impatient ?
Vous pouvez vous dire : la pression extérieure, le monde dans lequel nous vivons … mais, en considérant la situation avec honnêteté, on se rend bien compte qu’il y a un élément individuel, personnel. Que toutes les personnes vivant dans le même contexte, n’ont pas forcément cette addiction à la montre au même degré d’intensité.
Si vous êtes sujets à l’impatience, il serait intéressant d’aller voir en quoi vous êtes concerné par les facteurs suivants :
• Le besoin de contrôle
• L’anxiété liée à l’atteinte de certains objectifs
• La pression et la relation à la pression
• La sensation de frustration
• Le ressenti d’impuissance
Nous sommes parfois, d’une certaine façon, « addicts » à certaines émotions, certains modes de fonctionnement.
Comprendre les enjeux psychiques et psychologiques qui nous conditionnent à vivre cette sensation d’urgence est alors ce qui produira les résultats les plus profonds. Les voir et les reconnaître est déjà un bon début pour en diminuer l’impact dans nos vies.
2. La clé de la prise de recul
Quelle est l’importance réelle de l’événement déclencheur de votre impatience ?
Nous pouvons parfois être agacés, surtout parce que les choses n’avancent pas comme nous aimerions (cela rejoint souvent le besoin de contrôle évoqué ci-dessus). Il est bon de se poser alors quelques questions pour relativiser, prendre du recul, et pouvoir ainsi temporiser et nous détendre dans une forme de lâcher-prise :
Quelle est l’importance réelle de cet événement ?
Si je m’agace après un camion de livraison qui me bloque la route, par exemple, la réponse est variable. Si l’irritation a pour motif « parce que je suis bloquée, je ne peux pas avancer à cause de ce -gngngngn- de livreur qui m’en empêche et ça m’est insupportable », ce n’est pas pareil que « parce que je dois me rendre d’urgence à l’hôpital pour rejoindre – au choix : un parent accidenté, ma femme qui accouche, etc.»
Quel est le véritable impact dans ma vie à 3 mois, 1 an ou 5 ans ?
Quelle est l’urgence réelle ?
Le sentiment d’urgence vient parfois d’une envie puissante que « quelque chose » aboutisse, un projet, un changement de vie, mais l’urgence elle-même n’est pas fondée. Elle provient de notre désir et notre attachement au résultat souhaité, de la façon dont nous l’avons envisagé.
Nous pouvons prendre en compte l’importance d’une échéance, mais assouplir notre vision quant à son urgence. Que se passerait-il en cas de retard par rapport au délai souhaité ? Ce ralentissement a-t-il un impact tangible ?
Soyez le plus possible honnêtes dans vos réponses : vous pouvez être contrariés, sans que ce soit grave.
Pour relativiser la situation, la remettre dans son véritable contexte, je vous invite alors à appliquer la règle du 5 sur 5 de Dolores Cannon (« Si ça n’aura plus d’importance dans 5 ans, ne passez pas plus de 5 minutes à en être agacé ») :
Cette règle m’a été utile en de maintes occasions, pour m’aider à dédramatiser, prendre du recul et me détendre.
3. La clé de la diversification
« Varier les plaisirs » : diversifier nos objectifs, petits et grands, est une autre piste pour nous aider à gérer notre impatience.
C’est une leçon de sagesse que j’ai reçue d’un ami architecte, l’air de rien, au détour d’une conversation (merci Alain !).
Il me partageait tous ses projets actuels, ses envies et développements futurs, et sa façon de les faire avancer. Il y a des étapes dans ce métier où on doit attendre : l’approbation de la phase en cours par le client, des autorisations administratives, des délais de recours, etc. Puis, on passe par une phase d’accélération avec des impératifs de temps souvent assez courts à honorer. Ayant à l’époque une agence d’architecture d’intérieur, tout cela me parlait bien…
Sa façon à lui de gérer les moments où « rien ne se passe » sur un projet, était tout simplement de le laisser tranquillement de côté, ce que j’étais bien incapable de faire, voulant « avancer », comme toujours, trépignant après le graphiste, la réponse d’un fournisseur, etc. Il parvenait à complètement déplacer le centre de son attention pour initier une autre action, le temps nécessaire à ce que « quelque chose se passe ». Cet autre objectif, pouvait être lié à un autre projet, moins prioritaire et laissé de côté jusque-là, ou l’envie de créer, pour le plaisir ou pour devancer une demande potentielle.
Cette clé est particulièrement adaptée quand notre impatience se porte sur une attente liée à quelque chose qui ne dépend pas de nous.
Mon conseil, est ainsi d’avoir plusieurs objectifs ou envies en simultané, pour ne pas se sentir dépendant de l’avancement (et de sa rapidité) de votre projet principal. Ou d’avoir plein de petits projets à côté de votre axe de développement majeur, que vous pouvez nourrir pendant les moments de latence de celui-ci.
Ce principe est aussi une déclinaison du proverbe « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». Cela permet de défocaliser, retrouver ainsi plus de calme et de sérénité, et sortir d’un potentiel sentiment d’impuissance lié à cette attente.
4. La clé de la conscience
J’ouvre une porte également vers une approche plus subtile et spirituelle qui prend en compte l’énergie et les pensées émises à partir de cette impatience. Il existe un endroit, énergétique et vibratoire, à partir duquel nous sommes créateurs de notre réalité (cette notion est développée dans d’autres articles).
L’impatience est, de ce point de vue, en réalité contre-productive et génère l’inverse de ce que nous souhaitons.
Dans cette perspective subtile, plus je ressens d’agacement, de frustration, voire d’angoisse si le sujet est important, face à un résultat désiré, plus je m’en sens séparé. Et plus il reste séparé de moi : la création de mes pensées inconscientes maintenant le ressenti de séparation. Certes, le résultat pourra finir par arriver (ou pas), mais nous l’aurons, d’une certaine façon, éloigné, et nous aurons ralenti son apparition, sa survenance.
Cette vision de la réalité est peut-être complexe à appréhender, et j’en ai conscience.
Je vous invite cependant à la considérer comme possible, et observer à partir de là, les moments de votre vie où, peut-être, il en a été ainsi.
Où votre ardent désir de voir arriver « quelque chose », en a peut-être retardé, inconsciemment, l’apparition.
Personnellement, même en connaissant les principes de la pensée créatrice, j’ai mis un certain temps à en comprendre les implications avec finesse, et pouvoir inverser l’énergie impatiente et chargée de stress que je générais, par la confiance que « tout est en route et arrive à point nommé », au bon moment.
5. L’ultime clé pour gérer l’impatience : la vision du temps juste.
La meilleure métaphore pour appréhender la notion de temps juste est donnée par la nature.
Elle nous enseigne parfaitement cette perception qu’il faut savoir « laisser du temps au temps ». Une graine est d’abord plantée, arrosée, nourrie. Elle met du temps à germer. Elle met du temps à s’épanouir. Il ne viendrait à l’idée de personne de tirer sur une pousse de carotte, de fleur ou d’arbrisseau pour les faire pousser plus vite !
Et c’est parfait ainsi.
La nature fonctionne par cycle. Par saisons. Elle a besoin de l’automne et de l’hiver, pour que le printemps puis l’été, le temps des moissons, surviennent.
Et c’est parfait ainsi.
Et c’est pareil pour nous.
Accepter d’être humain, c’est accepter nos limites, nos cycles, et celles d’autrui. Si nous nous autorisons à accueillir nos hivers, si nous permettons à nos graines de germer, à leur rythme, le résultat n’en sera que meilleur. Au moment de la récolte, sans impatience, au temps juste.
En conclusion, et pour la blague : venez faire un séjour dans une île tropicale, vous pourrez y développer une autre relation au temps … ou pas !
Ce qui est amusant, c’est d’y voir les impatients chroniques confrontés aux limites de leur fonctionnement. Pour tout vous avouer, j’ai été dans ce cas, et même si je reste une spécialiste de la multitâche avec beaucoup de projets à Maurice, je ne suis plus impatiente quant aux résultats, enfin, presque plus !
Encore maintenant, j’aimerais que tout soit « matérialisé », créé, réel, dès que j’en ai l’idée. Il m’arrive encore de me mettre la pression et de la répercuter sur d’autres… jusqu’à ce que je reprenne conscience que cela ne me « sert » pas, ne rends service ni à moi, ni à autrui, ni, au final, à la concrétisation de cette idée.
Alors, je lâche prise et j’accepte de considérer que le temps va permettre d’embellir et enrichir l’idée initiale.
Je sème, je fais ce qui me semble juste de faire. J’accepte de laisser du temps au temps. Je ressens de la gratitude par anticipation. J’attends que ça pousse. Et je célèbre quand viens le temps de la récolte !
J’y arrive … la plupart du temps 😉
Et vous ? Etes-vous fréquemment sujets à l’impatience ?
Et avez-vous d’autres pistes ou clés à partager ?
Si votre impatience génère en vous de la colère, je vous conseille de poursuivre avec cet article (qui existe aussi en podcast) sur la saine colère.
4 Responses
Je me reconnais beaucoup dans ton article ! Je suis une impatiente chronique 😏
Et je pense que tu es tout à fait raison que l’une des causes est la nécessité d’un contrôle permanente.
Il est bon d’analyser cela 👍
J’ai vraiment l’envie que tout se passe le mieux possible autour de moi et quand ça na marche pas
pour des raisons indépendantes de ma volonté ça provoque efficacement la frustration ! 😵
Et le fait de déplacer l’attention et de se concentrer sur quelque chose d’agréable ça aide effectivement !
Merci beaucoup pour cet article ! 🙏 🌼
Merci beaucoup Oxana pour ton retour ! Il est vrai que l’impatience est très en lien avec le perfectionnisme également. D’expérience, cela fait du bien quand on arrive à calmer tout ce qui nous agite dans ces moments-là : bon courage 😉
Merci Pascale pour ces 5 clés !
C’est vrai que l’impatience est parfois embêtante quand on est pressé ou que l’on est super exciter à ce que quelque chose se réalise. Mais comme la cinquième clé le dit : « il faut laisser le temps au temps ». Et pour mieux y arriver je pense que l’on peut décider de mettre notre impatience en mode tâche de fond et faire quelque chose d’autre en même temps plutôt que d’attendre.
Passer à l’action plutôt qu’attendre m’a permis de vaincre cette impatience ! 🙂
À bientôt !
Pierre
Merci pour ton retour d’expérience personnelle : bon passage à l’action ! 🙂